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LE MAT - Chapitre 8

Photo du rédacteur: Hervé HerbautHervé Herbaut

Le Mat quitta le temple de la Justice avec une compréhension nouvelle de l’équilibre et de la responsabilité qui accompagnaient ses choix. Il marchait désormais plus lentement, méditant sur ce que la Justice lui avait révélé : chaque décision pesait sur la balance de la vie, et pour avancer en paix, il devait en évaluer les conséquences avec honnêteté et compassion. Pourtant, une part de lui se demandait s’il pouvait trouver au-delà de l'équilibre une sagesse plus vaste, une compréhension plus profonde du chemin qui s’ouvrait devant lui.

 

Ses pas le conduisirent jusqu’à une région montagneuse où la lumière du jour commençait à s’effacer, laissant place aux ombres du crépuscule. Sur la route sinueuse qui montait vers les hauteurs, le Mat aperçut une petite lueur au loin. En s’approchant, il découvrit une silhouette solitaire avançant lentement, appuyée sur un bâton et tenant une lanterne scintillante qui illuminait juste assez pour éclairer ses pas. L’homme, vêtu d’une cape et d’un capuchon gris, semblait avancé en âge, et son visage portait des traces de voyages anciens et de longues méditations. C’était l’arcane de l’Hermite.

 

L’Hermite se tourna vers le Mat et lui adressa un regard à la fois profond et bienveillant. "Bienvenue, Mat," dit-il d’une voix basse et douce, presque comme un murmure porté par le vent de la montagne. "Ta quête t’a conduit ici, dans les hauteurs où la lumière et l’ombre se mêlent. Que cherches-tu encore, alors que tu as déjà appris la volonté, l’amour, la justice ?"

 

Le Mat, inspiré par cette présence mystérieuse, répondit d’un ton réfléchi : "Je sens en moi un appel vers quelque chose de plus profond, une vérité que je ne parviens pas encore à saisir entièrement. La Justice m’a montré l’importance de l’équilibre et de l’intégrité dans mes choix, mais je cherche un éclairage qui dépasse mes propres pensées, une sagesse qui pourrait éclairer mon chemin dans les ténèbres de l’incertitude."

 

L’Hermite hocha la tête, satisfait de cette réponse. "Alors viens," dit-il, "et marchons ensemble un moment. Mon chemin est celui de la solitude et de la réflexion. La lumière que je porte n’est pas celle des certitudes, mais celle de la recherche patiente et de la contemplation. Parfois, pour trouver la vérité, il ne suffit pas de peser les actes dans la balance ; il faut plonger dans l’obscurité de ses propres doutes et faire face aux mystères cachés en soi."

 

Ils marchèrent en silence, et le Mat remarqua que la lanterne de l’Hermite projetait une lumière faible mais apaisante, suffisante pour avancer, mais jamais assez pour révéler l’ensemble du chemin. Ce petit halo de lumière semblait montrer ce qui était nécessaire, mais rien de plus.

 

"Cette lanterne," observa le Mat, "elle n’éclaire que quelques pas devant nous. Comment puis-je avancer avec confiance si je ne vois pas où mène la route ?"

 

L’Hermite sourit doucement. "La quête de la vérité n’est pas celle de la certitude totale. Elle est faite d’étapes hésitantes, d’allers-retours dans l’obscurité. La lanterne ne te montrera que le pas à venir, pas tout le chemin. Mais si tu apprends à écouter ta voix intérieure, à t’orienter avec patience et humilité, tu trouveras la force de continuer même dans l’incertitude."

 

Le Mat, touché par ces paroles, sentit en lui un apaisement. Il comprenait que l’Hermite lui enseignait non pas à maîtriser son chemin de façon absolue, mais à accepter les zones d’ombre, les questions sans réponses, et à avancer malgré cela, avec confiance et simplicité. Cette lumière intime, qu’il devait apprendre à rallumer chaque jour, venait d’une paix intérieure et d’une patience que l’Hermite incarnait.

 

Ils s’arrêtèrent finalement devant une grotte creusée dans la montagne, où l’Hermite invita le Mat à entrer. À l’intérieur, le silence était profond, presque palpable, et le Mat ressentit une sorte de calme total, un retrait du tumulte du monde extérieur.

 

"Dans cette grotte," expliqua l’Hermite, "je viens régulièrement méditer, chercher les réponses en moi-même. Le silence et l’obscurité permettent à la lumière intérieure de s’exprimer, sans distractions. Parfois, pour se trouver, il faut apprendre à s’éloigner du bruit du monde, à se recentrer sur ce qui est essentiel et simple."

 

Le Mat, assis dans la pénombre aux côtés de l’Hermite, ferma les yeux. Au début, il sentit un inconfort face au silence, aux pensées qui surgissaient, aux doutes qui remontaient. Mais peu à peu, il se détendit, sentant en lui une nouvelle lumière naître, une lanterne intérieure qu’il n’avait jamais remarquée auparavant. Dans ce silence, il prit conscience que toutes les réponses ne viendraient pas de l’extérieur, que certaines se trouvaient au fond de lui-même, cachées dans le calme et l’écoute.

 

Après un moment, l’Hermite prit la parole d’un ton calme. "N’oublie pas, Mat, que la quête ne consiste pas à trouver toutes les réponses immédiatement, mais à apprendre à vivre avec les mystères, à accepter les incertitudes. La vraie lumière est celle qui éclaire doucement, sans aveugler, celle qui invite à explorer plutôt qu’à dominer."

 

Le Mat ouvrit les yeux, profondément apaisé. Il comprenait maintenant que, pour avancer en sagesse, il devait apprendre à accepter les zones d’ombre, à les embrasser comme faisant partie du voyage. Chaque pas dans l’obscurité, chaque moment d’incertitude, devenait alors une opportunité d’écouter plus attentivement, de suivre sa propre lumière.

 

L’Hermite lui sourit une dernière fois, comme une bénédiction silencieuse. "Va, Mat. Que cette lanterne intérieure te guide, même lorsque le chemin semble perdu. Que la patience et l’humilité éclairent chacun de tes pas. N’oublie jamais que la solitude et l’introspection sont aussi des enseignantes, et qu’il existe en toi une source de sagesse qui ne s’éteindra jamais, peu importe les ombres qui t’entourent."

 

Le Mat remercia l’Hermite avec gratitude et reprit son chemin, le cœur empli d’une lumière douce mais tenace. Désormais, il avançait avec la connaissance que le chemin ne révélait qu’une étape à la fois, mais que c’était suffisant. Car en lui brûlait cette lanterne de sagesse, un phare dans la nuit intérieure qui l’accompagnerait toujours, éclairant son voyage avec patience et paix.

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