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LE MAT - Chapitre 14

Photo du rédacteur: Hervé HerbautHervé Herbaut

Le Mat marchait désormais avec un équilibre renouvelé, nourri par les enseignements de la Tempérance. Pourtant, alors qu’il s’aventurait plus loin dans la forêt, il sentit une étrange énergie autour de lui, une tension dans l’air, comme si l’atmosphère elle-même se chargeait d’un magnétisme sombre et envoûtant.

 

Au détour du chemin, il aperçut une lueur rougeoyante dans l’obscurité. Intrigué, il s’approcha et découvrit une silhouette fascinante et effrayante à la fois : l’Arcane du Diable. Une figure imposante, cornue, aux ailes sombres, se tenait là, observant le Mat avec des yeux perçants qui semblaient sonder les profondeurs de son âme. À ses pieds, deux personnages étaient enchaînés, soumis à cette puissance mystérieuse, et pourtant, dans leurs regards brillait une lueur d’attrait, comme s’ils étaient envoûtés autant que piégés.

 

Le Diable esquissa un sourire malicieux en voyant le Mat approcher. « Bienvenue, Mat. Es-tu prêt à explorer les ombres qui sommeillent en toi ? »

 

Le Mat prit une profonde inspiration, sentant à la fois de la crainte et une étrange attirance pour cet arcane sombre. « Qui es-tu vraiment, Diable ? Que symbolisent ces chaînes, ces ombres autour de toi ? »

 

Le Diable le regarda avec un sourire énigmatique. « Je suis celui qui révèle ce que l’on cache au plus profond. Les chaînes que tu vois ici sont les attaches invisibles de l’esprit, les désirs que l’on refoule, les peurs et les instincts que l’on préfère ignorer. Je représente les passions, les envies secrètes, tout ce que l’homme dissimule derrière des masques de moralité. Je suis aussi la force de l’attraction, de la créativité et de la puissance brute qui se libère lorsqu’on ose plonger dans les aspects obscurs de soi-même. »

 

Le Mat frissonna. Il comprenait que le Diable n’était pas uniquement une force malveillante, mais aussi une énergie puissante, une facette de lui-même qu’il devait apprendre à reconnaître et comprendre. « Est-ce là une épreuve pour tester ma maîtrise, ou cherches-tu à m’attirer dans l’ombre ? »

 

Le Diable éclata de rire, un rire profond et envoûtant. « Ni l’un ni l’autre. Mon rôle est de te faire prendre conscience de tes propres attachements et de tes désirs cachés. Vois-tu, beaucoup s’illusionnent en croyant être libres, alors qu’ils sont prisonniers de ce qu’ils refusent de voir. Les chaînes sont des illusions que l’on nourrit en soi, des peurs que l’on choisit de porter sans même le savoir. Pour avancer, tu dois les reconnaître et décider si elles ont encore leur place en toi. »

 

Le Mat observa les chaînes avec attention. Il prit conscience qu’il portait lui aussi des chaînes invisibles, des doutes secrets, des envies inavouées qui le tiraillaient et parfois l’encombraient. Il comprit que ces attachements n’étaient pas le fruit de la malice d’un Diable extérieur, mais de son propre esprit, de ses propres zones d’ombre.

 

« Diable, » dit-il d’une voix calme, « montre-moi comment faire face à mes propres ténèbres sans en être prisonnier. »

 

Le Diable, surpris et satisfait de la réponse du Mat, s’inclina légèrement. « Très bien, Mat. Le secret n’est pas de fuir l’obscurité, mais d’apprendre à l’éclairer. Accepte chaque désir, chaque peur, chaque part de toi sans jugement. Plonge au cœur de tes ombres et apprends à t’en libérer par la compréhension, pas par la répression. Rappelle-toi que toute force en toi peut être utilisée pour t’édifier ou te détruire, selon l’usage que tu en fais. »

 

Le Mat sentit une puissance monter en lui, une énergie brute qui n’était ni bonne ni mauvaise, mais simplement intense. Il comprenait qu’il devait l’apprivoiser, lui donner un sens. Plutôt que de nier ses désirs, il apprit à les regarder, à les reconnaître pour ce qu’ils étaient, à les canaliser vers une intention plus élevée.

 

Alors, quelque chose de miraculeux se produisit : les chaînes autour des deux figures aux pieds du Diable se détachèrent et tombèrent au sol avec un tintement. Libérés, ils retrouvèrent leur propre chemin, illuminés d’une lumière nouvelle. Le Diable sourit, satisfait. « Vois-tu, Mat ? Lorsque tu regardes l’ombre sans peur, elle perd son emprise. Et lorsque tu acceptes chaque part de toi, même la plus sombre, tu transformes l’obscurité en une force puissante, créatrice. »

 

Le Mat se sentit libre, plus puissant que jamais, non pas parce qu’il avait vaincu le Diable, mais parce qu’il avait fait la paix avec ses propres ténèbres. Il comprenait désormais que l’ombre faisait partie de l’ensemble, et que l’embrasser lui donnait une liberté authentique.

 

« Merci, Diable, » dit-il, le cœur apaisé. « Grâce à toi, je comprends que la liberté véritable réside dans l’acceptation totale de soi, même des parts les plus cachées. »

 

Le Diable acquiesça, un sourire mystérieux aux lèvres. « Que ce savoir te guide, Mat. N’oublie jamais que toute lumière porte son ombre et que la véritable maîtrise vient de l’intégration, non de la division. »

 

Avec un dernier regard empli de malice et de sagesse, le Diable disparut dans la pénombre, laissant le Mat poursuivre son chemin. Il avançait désormais en paix, conscient de ses forces et de ses faiblesses, et prêt à accueillir chaque facette de lui-même avec lucidité et bienveillance.

 

Et ainsi, le Mat reprit sa route, fort de cet enseignement précieux, un pas de plus vers l’unité complète de son être, prêt à découvrir le prochain arcane qui l’attendait.

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