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LE MAT - Chapitre 11

Photo du rédacteur: Hervé HerbautHervé Herbaut

Fort de la sagesse de la Force, le Mat poursuivait son chemin avec sérénité. Il marchait avec la confiance d’avoir en lui une flamme tranquille, une force intérieure qui ne dépendait ni de ses succès ni de ses échecs. Pourtant, il sentait que quelque chose en lui restait inachevé, comme une énigme qu’il ne parvenait pas encore à déchiffrer. Le chemin semblait le conduire vers un nouveau défi, une épreuve de patience ou de vision.

 

Après une longue marche, il arriva dans une clairière silencieuse. Au centre de celle-ci, pendu par un pied à la branche d’un arbre, se balançait un homme. Son corps était suspendu la tête en bas, mais son expression était étrangement paisible, comme s’il contemplait le monde depuis un point de vue unique. C’était l’arcane du Pendu.

 

Le Mat observa la scène, intrigué et peut-être un peu déconcerté. Comment cet homme pouvait-il être si calme dans une telle position ? Quelle leçon se cachait derrière cette étrange épreuve ?

 

Le Pendu leva les yeux vers lui, ses traits détendus et ses yeux emplis de sagesse. "Salut, voyageur," dit-il d’une voix douce. "Tu te demandes peut-être pourquoi je me tiens ainsi, inversé, suspendu entre ciel et terre. Viens, approche, et je te parlerai de l’art du lâcher-prise et de la vision nouvelle qu’on obtient en renonçant."

 

Le Mat s’approcha, attentif, et s’assit devant le Pendu. "Pourquoi es-tu suspendu ainsi ? Qu’est-ce que cela t’apporte de voir le monde à l’envers ?"

 

Le Pendu esquissa un sourire paisible. "Le chemin du Pendu est celui du renversement, du détachement. Nous passons une grande partie de notre vie à chercher à contrôler, à posséder, à avancer selon notre propre volonté. Mais il existe une autre voie, celle de l’abandon volontaire, celle où l’on accepte de tout voir sous un angle différent. En renonçant à mes certitudes et en m’abandonnant à cette posture, je découvre des vérités cachées, des réalités invisibles sous l’angle ordinaire."

 

Le Mat resta silencieux, réfléchissant aux paroles du Pendu. Il comprenait intuitivement que cet arcane lui offrait une nouvelle forme de sagesse, quelque chose qui échappait aux enseignements précédents. "Mais n’est-ce pas difficile de se laisser ainsi, sans agir ? N’est-ce pas douloureux d’accepter ce renversement, de tout lâcher ?"

 

Le Pendu hocha la tête. "Oui, le renoncement peut être difficile. Mais la véritable liberté se trouve au-delà des désirs et des attachements. En lâchant prise, en acceptant l’incertitude et en restant ouvert à l’inconnu, je libère mon esprit des limites de la peur et du besoin de tout comprendre. Regarde autour de toi, Mat : dans cet état de suspension, j’observe le monde avec une clarté que je n’aurais jamais eue autrement."

 

Le Mat contempla cette idée, ressentant en lui le poids de ses propres attentes, de ses propres peurs d’échouer, de ne pas avancer assez vite, de ne pas maîtriser chaque aspect de son voyage. Il comprenait qu’il lui faudrait, pour aller plus loin, abandonner cette idée de contrôle absolu.

 

Le Pendu lui tendit alors une main. "Essaye, Mat. Pour comprendre vraiment, tu dois vivre cette expérience toi-même. Trouve un moyen, peut-être symbolique, de t’abandonner, de lâcher tes certitudes et de voir ce qui émerge lorsque tu n’essaies plus de tout diriger."

 

Le Mat, inspiré, décida de s’asseoir dans un état de méditation, d’abandon. Il ferma les yeux et imagina lui aussi se renverser, laisser tomber ses préoccupations, ses attentes, et entrer dans une forme de silence intérieur. Il se laissa suspendre dans le vide de son esprit, sans chercher à comprendre ni à analyser. Petit à petit, il sentit naître en lui une nouvelle forme de vision, une clarté différente, plus profonde, qui émergeait non pas de la pensée mais du silence.

 

Dans cet état de lâcher-prise, des images et des intuitions lui apparurent, des idées qu’il n’avait jamais considérées auparavant. Il voyait des liens entre ses expériences passées, des motifs qui se dessinaient dans son voyage, des leçons qu’il n’avait pas saisies pleinement avant cet instant. Le monde lui-même semblait plus vaste, plus complexe, mais étrangement harmonieux.

 

Quand il ouvrit les yeux, le Pendu le regardait avec une satisfaction tranquille. "As-tu ressenti ce que cela signifie d’accepter le renversement, de voir le monde sous un autre angle ?"

 

Le Mat acquiesça, ému. "Oui… En lâchant prise, j’ai vu des vérités que je n’avais jamais perçues auparavant. J’ai compris que parfois, il faut savoir s’abandonner, accepter de ne pas tout contrôler pour voir plus clairement. Merci, Pendu. Je crois que j’ai appris aujourd’hui à embrasser une autre forme de sagesse."

 

Le Pendu hocha la tête. "Souviens-toi, Mat : la vraie vision n’est pas celle qui cherche à tout saisir, mais celle qui sait observer sans crainte, sans attente. Lorsque tu es prêt à suspendre ton jugement, tes idées préconçues, le monde t’apparaît sous un jour nouveau, riche de sens cachés."

 

Le Mat, empli de gratitude et d’un profond respect pour cet enseignement, se leva pour poursuivre sa route. Il savait maintenant que parfois, le chemin exigeait de s’abandonner, de laisser les choses être telles qu’elles étaient, sans s’accrocher. En avançant, il sentait en lui une nouvelle liberté, celle de pouvoir observer la vie avec une humilité calme, prêt à accepter ce que chaque instant lui réservait, sans chercher à forcer son destin.

 

La leçon du Pendu l’accompagnait désormais, telle une promesse de clarté intérieure qui se révélerait chaque fois qu’il accepterait de lâcher prise.

 

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