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LE MAT - Chapitre 10

Photo du rédacteur: Hervé HerbautHervé Herbaut

Le Mat, enrichi de sa rencontre avec la Roue de Fortune, reprit son voyage, l’esprit serein face aux aléas du destin. Il avait compris que la vie était faite de cycles et de changements, mais que la véritable paix venait de sa capacité à rester centré. Ses pas le menèrent dans une vallée verdoyante, où des arbres majestueux étendaient leurs branches et où l’air sentait les herbes sauvages et la rosée du matin. Soudain, il entendit un rugissement puissant résonner dans la plaine, et il vit une silhouette en train de maîtriser un lion.

C’était une femme, calme et gracieuse, habillée d’une robe verte et arborant une couronne de fleurs. Elle semblait dialoguer silencieusement avec le lion qui, contre toute attente, se laissait dompter avec une sorte de docilité, bien que sa puissance fût évidente. Elle incarnait l’arcane de la Force.

 

Le Mat, impressionné par la scène, s’approcha avec prudence. La Force leva les yeux vers lui et lui sourit doucement, tout en continuant de garder une main posée sur la tête du lion. Ce dernier se coucha alors docilement à ses pieds, comme s’il avait compris la profondeur de la paix qu’elle incarnait.

 

"Bienvenue, voyageur," dit-elle d’une voix douce mais ferme. "Je vois que tu as parcouru bien des chemins pour arriver ici. Tu es à la recherche de sagesse et de force intérieure, n’est-ce pas ?"

Le Mat, touché par sa présence apaisante, acquiesça. "J’ai appris de nombreux enseignements jusqu’ici, et j’ai compris que la route est faite de changements et de choix. Mais j’ai aussi en moi des forces parfois incontrôlées, des désirs, des peurs… Comment puis-je les maîtriser pour avancer avec confiance et sans me laisser emporter ?"

 

La Force l’observa avec bienveillance. "Ce lion que tu vois," dit-elle en désignant la bête couchée à ses pieds, "représente ces forces brutes qui sont en toi — la colère, la passion, la peur, les impulsions qui peuvent t’égarer si tu n’apprends pas à les comprendre et à les apaiser. La vraie force ne réside pas dans la domination ou la répression, mais dans la compréhension de cette énergie intérieure et dans l’amour que tu y portes."

 

Le Mat, attentif, observa le lion plus en détail. Dans ses yeux brillaient à la fois une puissance indomptée et une tranquillité nouvelle. Il comprit alors que le lion n’était pas un ennemi à combattre, mais une force qui pouvait devenir son alliée.

"Comment puis-je atteindre cette maîtrise de moi-même ?" demanda-t-il, sincèrement.

 

La Force sourit, comme si elle attendait cette question. "La clé est dans la douceur et la patience," répondit-elle. "Ce lion ne se soumet pas par crainte ou par force brute. Il accepte la paix que je lui offre parce que je l’approche avec respect et calme. En toi aussi, tu dois apprendre à rencontrer tes émotions et tes peurs avec compassion, sans te juger ni te combattre."

 

Elle posa doucement sa main sur le cœur du Mat. "Il y a en toi une force qui va bien au-delà de la simple puissance physique ou de la volonté. C’est la force de l’amour de soi et de l’acceptation. Lorsque tu te regardes avec bienveillance, même dans tes moments de faiblesse, tu découvriras que cette force intérieure est bien plus stable et apaisante que tout ce que tu peux espérer contrôler."

 

Le Mat ferma les yeux, ressentant cette force tranquille s’éveiller en lui, une énergie douce et apaisante qui émergeait de son centre. Il comprit que, pour avancer sur son chemin, il n’avait pas besoin de se battre contre lui-même, mais d’accueillir chaque émotion, chaque impulsion, avec une douceur ferme. En prenant soin de sa propre énergie avec respect et compréhension, il pourrait transformer ses peurs et ses désirs en guides bienveillants plutôt qu’en obstacles.

 

La Force, satisfaite, inclina la tête en signe d’approbation. "Souviens-toi, Mat, que la force véritable est une harmonie entre ton cœur et ta volonté. Ce que tu veux atteindre, tu le pourras, mais en avançant avec calme, sans précipitation, et avec un amour constant envers toi-même. Que chaque épreuve soit une occasion de cultiver cette force tranquille."

 

Le Mat ouvrit les yeux, empli d’une nouvelle sérénité. Il se sentait prêt à affronter tout ce que la route mettrait devant lui, non pas par une bravade ou une rage de vaincre, mais par une confiance paisible dans sa capacité à accueillir chaque expérience avec douceur et patience.

 

"Merci, Force," murmura-t-il avec gratitude. "Je me souviendrai de cet enseignement. La force n’est pas dans le combat, mais dans l’acceptation et l’amour de ce qui est."

 

La Force lui sourit une dernière fois, avant de se détourner pour continuer sa route, le lion docile marchant à ses côtés. Le Mat les regarda s’éloigner, le cœur empli de reconnaissance, et il reprit son propre chemin, sentant cette force douce et imperturbable l’accompagner, telle une flamme constante et rassurante qui brillerait en lui, quoi qu’il arrive.

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