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LE MAT - Chapitre 3

Photo du rédacteur: Hervé HerbautHervé Herbaut

Le Mat poursuivait sa route, le cœur empli des leçons reçues de l’Impératrice. La graine qu'elle lui avait offerte reposait dans sa poche, et il y puisait un sentiment nouveau : la responsabilité de créer son propre chemin, de donner forme à ses rêves.

 

Après plusieurs jours de marche à travers des forêts denses et des collines escarpées, le Mat arriva enfin dans une région aride, où la nature semblait domptée, ordonnée. Là, à flanc de colline, se dressait une forteresse imposante, entourée de remparts solides et de tours veillant sur les alentours. Devant les portes massives de pierre, se tenait un homme au port majestueux. Vêtu de rouge et d’armure, une couronne dorée ornait son front. Sa posture était droite, et son regard, perçant, dégageait une puissance tranquille. Cet homme, le Mat le savait, était l’Empereur.

 

Le Mat s’approcha, et l’Empereur le salua d’un signe de tête. Sa voix, grave et assurée, résonna dans l’air calme de la forteresse : "Bienvenue, Mat. Je t’attendais. L’Impératrice t’a enseigné l’art de la création, mais il est temps pour toi d’apprendre le pouvoir de la structure et de la stabilité."

 

Curieux, le Mat inclina la tête. "Structure et stabilité ?" demanda-t-il.

 

L’Empereur hocha la tête, un léger sourire sur les lèvres. "Oui. Créer, c’est le début. Mais pour que ta création perdure, il te faut des fondations solides, une volonté ordonnée, une direction claire." Il l’invita à le suivre, l’amenant dans les vastes jardins intérieurs de la forteresse, où les arbres étaient plantés en rangs précis, et où chaque élément semblait à sa place. "Regarde autour de toi, Mat. Rien ici n’est laissé au hasard. Chaque pierre, chaque arbre a été placé avec soin, dans un équilibre qui respecte à la fois la nature et la force de la main humaine."

 

Le Mat contempla le jardin. Tout semblait si harmonieux, si précis. Il comprenait maintenant que la liberté de création n’était que la première étape. Pour donner de la force à ses idées, il fallait leur donner une structure, un cadre dans lequel elles pourraient grandir et se fortifier.

 

L’Empereur posa alors une main puissante sur son épaule. "Tu es un voyageur, Mat, mais même le plus libre des voyageurs a besoin de points de repère, de directions à suivre pour atteindre son plein potentiel. La discipline et l’ordre ne sont pas des chaînes ; elles sont les fondations sur lesquelles tu peux construire tes rêves les plus fous."

 

Le Mat acquiesça. "Mais comment puis-je trouver cet équilibre entre ma liberté et la stabilité dont tu parles ?"

 

L’Empereur sourit, comme s’il attendait cette question. "La clé est de définir ce qui est essentiel pour toi. Trouve ce qui te soutient, ce qui te donne force et stabilité, et crée autour de cela. Imagine ta vie comme une forteresse. Une fois les fondations solides posées, tu peux ériger des tours, des salles, des jardins… Chaque élément ajoute de la profondeur et de la richesse, mais repose toujours sur un socle immuable."

 

Pour illustrer son propos, l’Empereur lui montra un arbre massif planté au centre du jardin. "Cet arbre est enraciné profondément dans la terre, et pourtant, ses branches s’élèvent haut vers le ciel. Il est stable et solide, mais cela ne l’empêche pas de s’épanouir librement."

 

Le Mat observa l’arbre et sentit qu’il comprenait. Sa liberté ne dépendait pas seulement de l’absence de contraintes, mais aussi de la capacité à bâtir quelque chose de durable, de solide. Ce n’était pas seulement marcher pour marcher, mais aussi trouver des lieux en soi où s’ancrer, des valeurs et des principes qui serviraient de boussole.

 

Avant de partir, l’Empereur tendit une pierre gravée de symboles anciens au Mat. "Prends ceci," lui dit-il. "Cette pierre représente la stabilité et l'autorité. Elle est un rappel que tu possèdes en toi le pouvoir d’ériger ta propre forteresse, de tracer les limites et les fondations de ta vie. Que ton voyage soit libre, oui, mais laisse aussi des traces solides pour ceux qui viendront après toi."

 

Le Mat accepta la pierre et la serra dans sa main, ressentant l’énergie calme et ancrée qu’elle dégageait. Il remercia l’Empereur et s’éloigna de la forteresse, avec le sentiment d’avoir trouvé en lui une nouvelle dimension de son voyage : l’art de bâtir.

 

En descendant la colline, il comprit qu’il ne marchait plus seulement pour découvrir le monde, mais pour laisser sa propre empreinte, une empreinte faite de ses choix, de ses valeurs, et des racines qu’il poserait tout au long de sa route. Et ainsi, son errance prenait forme, chaque pas devenant à la fois libre et structuré, guidé par les leçons de l’Empereur.

 

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